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« La recherche historique, l’arme la plus redoutable contre le négationnisme du génocide » Dr Hélène Dumas.

Yanditswe Dec, 27 2021 18:01 PM | 922 Views



Hélène Dumas est historienne, chargée de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et rattachée à l’EHESS, à Paris. Ses travaux sont consacrés à l’histoire du génocide des Tutsi rwandais de 1994. 

Elle a publié : -Sans ciel ni terre. Paroles orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006), La Découverte, « À la source », 2020 ; prix de la Fondation Lafue 2021 et prix lycéen du livre d’histoire des Rendez-vous de l’histoire de Blois. 

-Le génocide au village. Le massacre des Tutsi au Rwanda, éditions du Seuil, 2014.

Elle est régulièrement appelée par le Parquet comme « témoin de contexte » dans les procès de génocide en France. 

Sur les antennes de la Télévision Rwandaise le dimanche 26 décembre 2021, le Dr Hélène Dumas  a partagé son expérience de témoin de contexte dans les procès des présumés génocidaires organisés en France. Elle est également revenue sur la lutte contre le négationnisme du génocide et le rôle des historiens dans ce combat. Ci-après l’intégralité de l’entretien avec Jean Damascène MANISHIMWE.

Question : Dr Hélène Dumas, vous avez fait des recherches et beaucoup écrit sur le génocide perpétré contre les tutsi, qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur le Rwanda ?

Hélène Dumas: c’est une question difficile mais à la quelle je dois répondre désormais. Je suis venue au Rwanda comme par hasard en 2004 lors de la 10ème commémoration du génocide  et cette rencontre avec le Rwanda et l’histoire encore très vivante du génocide m’a saisie et a décidé en quelque sorte de mon itinéraire intellectuel et professionnel. Il me semble que ce génocide tragique 20ème siècle est une histoire qui mérite d’être investiguée avec sérieux.

Question : Vous avez plusieurs fois participé aux procès en France comme témoin de contexte, à quoi consiste le travail d’un témoin de contexte ?

Hélène Dumas : C’est une catégorie de témoins qui n’existent pas dans le droit français entant que tels puisqu’il y a deux catégories dans le droit français, les experts qui eux ont accès aux dossiers, produisent des expertises devant la cour d’assises et puis des témoins qui vont comprendre des témoins rwandais qui doivent venir parler des faits devant la cour d’assises. Vous savez qu’en France l’histoire du génocide n’est pas encore très bien connue et que par rapport aux jurés, un juré populaire qui rend des décisions de la cour d’assises dans ce genre de procès, ces jurés populaires on pourrait les comparer à des « inyangamugayo » ici sauf que les « inyangamugayo » du Rwanda connaissaient l’histoire du génocide. En France ce n’est pas le cas. C’est pourquoi le procureur mais aussi les parties civiles et la défense font appel à des témoins de contexte afin de combler les lacunes de connaissances, raconter l’histoire du génocide aux jurés, de les familiariser avec cette histoire pour mieux comprendre le dossier à examiner.

Question : C’est un travail assez important dans de tels procès tenus loin du Rwanda semble t il ?

Hélène Dumas : Tout à fait, moi j’ai été appelée cinq fois par le procureur de la République et bien ça sert à combler cette distance, à la fois une distance temporelle puisque le génocide a eu lieu il y a 27 ans et une distance géographique. Les jurés sont sensés se projeter sur un théâtre très éloigné mais aussi une distance que je dirais cognitive parce que cette histoire n’est pas suffisamment enseignée, connue pour que le dossier particulier qui concerne une personne soit bien compris à la lumière de l’histoire générale du génocide. Toute la première semaine des procès d’assises est consacrée au contexte c'est-à-dire à l’audition des différents témoins qui viennent parler de l’histoire générale du génocide des tutsi.

Question : Dernièrement vous avez participé au procès de Claude Muhayimana qui s’est terminé par une peine de 14 ans de réclusion. Pensez-vous que ce travail des témoins de contexte aide à accélérer les procès ?

Hélène Dumas : Je ne pense pas qu’on ait autant de pouvoir en tant qu’historiens. Il faut bien faire la différence entre le travail de justice et le travail d’histoire mais effectivement il y a des points de rencontre dans ces cours d’assises. Et je dois dire comme historienne que ce n’est absolument pas évident d’aller devant une cour d’assises sans notes et faire cours aux jurés, c’est souvent une épreuve physique et morale que de tenir devant une cour d’assises, de tenir devant les tentatives de déstabilisation des avocats de la défense qui font leur travail. Il est très difficile quand on est acteur soi même de juger de l’impact et de l’influence qu’on peut avoir dans la lecture du dossier. Malgré tout ce qui compte c’est la force de l’enquête judiciaire qui apparait à la cour d’assises et ensuite le déroulement des débats au sein de la cour d’assises.

Question : Concrètement sur ce cas Muhayimana pourriez vous nous dire brièvement ce que vous avez présenté à la cour d’assises ?

Hélène Dumas : Chaque fois que j’ai comparu j’ai essayé de dire de choses différentes. Il m’a semblé important de montrer aux jurés ce qu’est un génocide non pas de manière abstraite mais en reprenant cette expression juste travaillant sur le Cambodge qui disait que les historiens travaillant sur le génocide sont des archéologues de l’intention génocidaire.

Je poursuivais cette idée en montrant en quoi dans les actes même qui ont été commis on perçoit une archéologie de l’intention génocidaire. Je me suis en particulier attachée à montrer en quoi et de quelle manière le massacre systématique et massif des femmes et des enfants correspondait pour tous les génocides du 20ème siècle correspondait aux marqueurs de cette politique d’extermination radicale ensuite je me suis attachée à montrer comment au Rwanda femmes et enfants étaient les victimes privilégiés des tueurs et le critère discriminatoire du génocide.

Question : Cette intention génocidaire nous amène à cet alibi qui souvent était avancé comme quoi certains suspects ont eu plutôt un rôle mineur, existe-t-il un rôle mineur dans un génocide ?

Hélène Dumas : C’est ce que j’ai essayé de faire comprendre à la cour et c’est assez cohérent avec le travail que je mène en tant qu’historienne. Je me suis beaucoup détachée des hiérarchies judiciaires, ce qu’on appelle des grands et des petits tueurs. J’ai essayé de montrer que tous les maillons de la chaine génocidaire avaient leur importance. Depuis la personne qui poussait « induru » (bruit) sur les collines jusqu'à celui qui portait le premier coup ou au colonel de l’armée qui organisait des grands massacres de masse. Sans ces personnes qui poussaient « induru » sur les collines le génocide n’aurait jamais atteint une telle efficacité meurtrière. L’idée était de montrer que le génocide est un processus global et que chaque acteur, chaque actrice avait un rôle dans cette extermination.

Question : Avec ce travail génial que vous accomplissez on peut dire qu’en France il y a une connaissance de plus en plus poussé du génocide commis contre les tutsi au Rwanda ?

Hélène Dumas : Je crois que l’historiographie telle qu’elle s’écrit en France, et là il faut être modeste, on n’est pas nombreux à travailler sur cette histoire. Cependant il y a une jeune génération née après 1994 notamment qui manifeste de l’intérêt pour cette histoire. Elle est enseignée depuis deux ans maintenant à l’école secondaire mais aussi dans le supérieur, dans des grandes écoles, les écoles les plus prestigieuses comme Sciences po. Paris ou Ecole des hautes études en sciences sociales .Ces enseignements permettent d’attirer des jeunes chercheurs et je crois que c’est essentiel que des jeunes chercheurs viennent ici au Rwanda faire leurs enquêtes et apprennent le kinyarwanda.  Je crois que la recherche historique est l’arme la plus redoutable contre le négationnisme du génocide. Plus on va écrire sur le génocide, plus on va découvrir des archives, on va mettre en place un système probatoire en histoire sur cet événement et bien le discours négationniste sera marginalisé.

Question : Sachant que le négationnisme est la dernière phase du génocide quel peut être le rôle des historiens dans la lutte contre le négationnisme ?

Hélène Dumas : Ce qu’on constate par rapport aux autres génocides du 20ème siècle, que ça soit le génocide des arméniens ou la Shoa on ne combattra jamais jusqu’au dernier négationniste. Il y aura ici et là des poches de résistance idéologique puisque les négationnistes prétendent réviser l’histoire, se prétendent historiens alors que ce ne sont que des idéologues. Néanmoins ce qui compte c’est que le travail à partir d’archives, qu’elles soient écrites ou orales finit par marginaliser le discours négationniste. En France on le voit de manière très nette, par exemple le livre de Judi Rever a eu du mal à trouver un éditeur français.

Propos recueillis par Jean Damascène MANISHIMWE



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